À propos de
"ENFERMÉS MAIS VIVANTS"
Dans « Enfermés mais vivants », la creusoise Clémence Davigo a recueilli des témoignages forts sur la vie carcérale.
Creusoise, Clémence Davigo faisait ses études à Lyon lorsque l’historique prison de la ville a failli être démolie. Les témoignages qu’elle a recueillis lui ont inspiré un film documentaire, « Enfermés mais vivants », qui sera projeté ce vendredi soir à Aubusson.
Originaire de Faux-la-Montagne, Clémence Davigo a réalisé un film documentaire original, poignant et humain sur la vie carcérale au travers du témoignage d’Annette et Louis. Ce dernier a passé 18 années « au cachot » à Lyon (Perrache), dans la prison mythique surnommée « la marmite du diable », celle-là même qui a vu entre ses murs un certain Jean Moulin mais aussi, bien plus tard, son bourreau Klaus Barbie. Nom du projet : « Enfermés mais vivants ».
Alors qu’elle était en pleines études supérieures aux Beaux-Arts à Lyon, Clémence s’est intéressée à la philosophie architecturale : « Je voulais en savoir plus sur la façon de penser
un projet architectural en fonction de son utilisation future. Je me suis tournée vers des chantiers de construction et Lyon connaissait à ce moment-là une restructuration du quartier des
Confluences et de l’ancienne prison mythique dont le vestige devait être abattu. Une mobilisation citoyenne a sauvé l’édifice de la destruction en tant que lieu chargé d’histoire. L’université
catholique a alors fait l’acquisition des lieux pour y installer son nouveau campus ».
Clémence envisage alors un projet artistique autour du bâtiment carcéral désaffecté mais elle est contrainte de revoir sa copie car le délai pour obtenir l’autorisation de pénétrer dans
l’enceinte prendra trois années… Il aura fallu attendre que le nouveau propriétaire s’empare du bien immobilier pour pouvoir le visiter.
J’ai trouvé les conditions du milieu carcéral révoltantes, bien loin de ce que l’on peut entendre sur les supposées bonnes conditions de détention
Les visites régulières de Clémence auprès de détenus ont provoqué chez elle une véritable prise de conscience : « J’ai trouvé les conditions du milieu carcéral révoltantes, bien loin de ce que l’on peut entendre sur les supposées bonnes conditions de détention. La réalité est beaucoup plus dure. C’est là que j’ai décidé de faire un film ».
Clémence fréquente régulièrement le chantier de la nouvelle fac et y croise de nombreux curieux venus par nostalgie : anciens détenus et anciens gardiens. Clémence y voit alors un incroyable vivier de témoignages de ces personnages qui découvrent peu à peu les transformations d’un endroit qui leur est tellement familier. La renaissance d’un lieu sous le regard de ses anciens occupants semble être un angle d’attaque intéressant.
C’était sans compter sur le véritable coup de cœur que Clémence a eu pour un couple, Annette et Louis. L’homme a vécu 18 années en prison dont 12 dans le bâtiment en question. Aujourd’hui libre, il veut témoigner de sa vie carcérale et de sa vie de couple malgré l’enfermement.
Le film portera donc sur cette histoire d’amour entre murs et barreaux au gré des visites d’Annette. Clémence est encore émue en parlant du couple : « Annette raconte avec beaucoup d’émotion sa descente aux enfers. Elle estime aujourd’hui que quand on punit quelqu’un, on punit aussi ses proches. Avec ce film j’aimerais qu’on s’interroge globalement sur l’utilité de la détention aujourd’hui. La non-prise en charge des maladies mentales au sein des prisons est révoltante par exemple. Le taux de récidive est bien une conséquence de l’inefficacité du système actuel ».
Le film documentaire sera diffusé au cinéma Le Colbert à Aubusson ce vendredi 2 novembre à 20h45, en présence de la réalisatrice. Aujourd’hui, celle-ci travaille à Télé-Millevaches pour qui elle
anime entre autres des ateliers vidéo… en milieu carcéral.